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Une sœur, secrétaire générale de la conférence épiscopale érythréenne

  • 12 juillet 2021
Une femme secrétaire générale de la Conférence des évêques de l’Erythrée. Elle succède au père Tesfaghiorhis Kiflom, moine cistercien qui a occupé ce poste pendant huit ans

La sœur Tsegereda Yohannes, missionnaire combonienne, a été choisie au poste de secrétaire général de la conférence épiscopale de l’Erythrée, depuis le mois d’avril 2021. Elle est docteur en médecine moléculaire. Elle a travaillé pendant presque cinq ans dans l'aumônerie des étudiants universitaires catholiques et professeure à l'Université d'Asmara et à l'Institut de technologie Mai Nefhi du pays.

En acceptant cette nomination, elle a demandé comme le roi Salomon, le don de la sagesse. "J'ai toujours été fascinée par la figure de Salomon, qui lorsqu'il devint roi n'a pas demandé au Seigneur des richesses et du pouvoir, mais de la sagesse et du discernement pour guider le peuple de Dieu", a-t-elle commenté. Cette nomination est une première en Afrique en général et pour l’Eglise d’Erythrée où ce service est réservé aux prêtres exclusivement.

La tâche de la sœur ne sera pas simple dans ce petit pays de la Corne de l’Afrique où, l’Église catholique est contrôlée de près par le régime totalitaire qui dirige le pays depuis son accession du pays à l’indépendance, en 1993. L’Erythrée est majoritairement chrétienne avec 62 % d’orthodoxes, une minorité des catholiques et quelques églises de réveil. Le 1er juin dernier, au début de son ministère, la Sœur Tsegereda a souligné les priorités qui vont caractériser son travail : « soutenir l’action de l'Église catholique, par le biais des œuvres pastorales, humanitaires et sociales pour le bien de l'ensemble de la population érythréenne, sans distinction d'origine ethnique, ni de croyance religieuse ou d'âge. En elle promet de rassembler les membres du personnel et les opérateurs du Secrétariat catholique érythréen dans une collaboration fructueuse. En outre, comme son prédécesseur, elle devra « maintenir des relations pacifiques avec les bureaux du gouvernement et respecter le protocole de communication avec les partenaires du secrétariat catholique, ce qui facilitera le travail de plaidoyer ».

Beaucoup de fois, l’Eglise catholique s’avère être la seule voix discordante qui dénonce les injustices et les dérives dictatoriales du pouvoir en place. Depuis 2019, le gouvernement a confisqué les œuvres sociales de l’Eglise Catholique et chasser les missionnaires étrangers qui y travaillaient ignorant toutes les lettres de recourt lui adressées par la conférence épiscopale présidée par l’archevêque combonien, Mgr Menghesteab Tesfamariam.

La situation est encore plus complexe dans le contexte régional. En effet, une guerre atroce a opposé l’Erythrée à l’Ethiopie à quelques années seulement de l’indépendance du premier détériorant ainsi les relations de bon voisinage entre ces deux pays qui ne formaient dans le passé qu’un seul territoire et un seule nation. Depuis l’avènement au pouvoir du premier ministre Abiy Ahmed en Ethiopie, une tentative de normalisation et de réconciliation était en cours. C’est ce qui justifie l’implication d’Asmara du côté du gouvernement éthiopien, dans la guerre interne qui sévit dans la région du Tigré, au grand dam de la population civile. En effet, jusqu'à présent on compte des milliers de morts et plus de deux millions de personnes déplacées dans ce conflit.
 

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