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Père Joseph AMBROSOLI, médecin des âmes et des corps

  • 11 mai 2021
« Un missionnaire combonien, Joseph Ambrosoli, médecin des âmes et des corps », est le titre du dernier livret écrit par son confrère, le père Tonino Falaguasta Nyabenda, publié aux éditions Afriquespoir. Cette publication veut honorer ce personnage assez particulier, ce médecin des âmes et des corps, un disciple de Jésus aux vertus héroïques, modèle de vie évangélique.

Le père Giuseppe est un missionnaire et un médecin combonien italien, né le 25 juillet 1925, à Ronago, en province et diocèse de Côme, dans une famille propriétaire d'une compagnie spécialisée dans le miel. Après des études au lycée des piaristes à Gênes, il obtient son baccalauréat classique au lycée de Côme en 1942. Il fait partie d'un  groupe des jeunes de l'Action catholique appelé le « Cénacle », animé par le franciscain Silvio Riva. Il s'inscrit ensuite à la faculté de médecine et de chirurgie de Milan. Mais, il est obligé d’interrompre ses études à cause de la Seconde Guerre Mondiale.

Le 8 septembre 1943, Joseph prend le risque d'aider des juifs et des anciens soldats déserteurs du Régime Social des Indépendants (RSI) à se réfugier en Suisse, les épargnant ainsi  du camp de concentration. Craignant pour sa propre sécurité, il se réfugie lui aussi en Suisse. Mais ses parents l’invite à revenir en lui faisant observer le risque des représailles qu’il allait subir de la part de la république de Salò. Dès son retour, il est aussitôt enrôlé dans l’armée et envoyé en Allemagne au camp d'entraînement de Heuberg-Stetten, près de Stuttgart. Il y soutient moralement ses compagnons, toujours prêt à leur venir en aide malgré la faim et les mauvais traitements. Le Dr Luciano Ciartezzi, l'un de ses compagnons, témoignera plus tard : "Son attitude vers le prochain m'a confirmé que les saints existent encore de nos jours."




P. Ambrosoli prenant soin d'un malade


C'est à cette époque que mûrit en Giuseppe Ambrosoli sa vocation missionnaire.

A la fin de la guerre, il reprend ses études de médecine, le 18 juillet 1949 et les termine quelques années plutard. Mais pour mieux se préparer à la vie missionnaire en Afrique, il poursuit des cours de médecine tropicale à l'école d'hygiène de Londres. À son retour, il entre dans la congrégation des missionnaires comboniens du Cœur de Jésus qui envoyait ses jeunes membres en mission après leur formation. Il émet premiers vœux après deux ans de noviciat à Gozzano. A Venegono, il effectue des études de théologies pour compléter sa formation sacerdotale. Le 17 décembre 1955, il est ordonné prêtre par l’archevêque de Milan, le cardinal Giovanni Battista Montini qui deviendra le futur pape Paul VI. Le premier jour du mois de  février 1956, il part en Ouganda, dans la province du Nord, au diocèse de Gulu. Après une brève période d'adaptation et d'apprentissage de la langue acioli, parlée localement, il est envoyé à Kalongo, pour s'occuper d'un petit dispensaire de la mission. Il assista avec dévouement la population comme prêtre, médecin et chirurgien pendant plus de 30 ans. Le petit dispensaire, par son travail et le concourt de ses amis et bienfaiteurs devient, en un temps record, un grand hôpital de référence dans la région avec une capacité 350 lits. Mais dans la région, il y avait une carence des structures de formation des professionnels de santé qualifiés qui pouvaient servir à l’hôpital. C’est pourquoi, en 1959, avec l’assistance des sœurs missionnaires comboniennes, il fonde une école d'obstétrique et d'infirmières. En 1972, il associe à l'hôpital, un service pour le traitement des lépreux d'Alito et de Morulem.


Cet engagement total jusqu’à sa mort lui a valu l’appellation de « médecin des corps et des âmes ». Il a reçu pour cela quelques distinctions :- en 1963, de la fondation Carlo Erba qui lui a décerné le prix Missione del Medico et en 1985, l’ordre des médecins de Milan lui a remis le prix Pozzi Samuel Una vita per la medicina. Le P. Ambrosoli  les recevait avec humilité ces prix en affirmant qu'il ne les méritait pas.

Il est mort épuisé et malade lors de la seconde guerre civile de l'Ouganda. Ses dernières années de vie coïncident avec l’accession au pouvoir du dictateur Idi Amin Dada qui a déclenché des persécutions et des assassinats de masse. Les activités du P. Ambrosoli seront aussi contrôlées et freinées. Pourtant, l'hôpital de Kalongo a joué un rôle important, pendant la guerre qui opposait l’Ouganda à la Tanzanie. Il fut l’unique structure qui soignait les blessés de guerre de toutes les parties. Malheureusement, la guerre n’ayant pas d’âme, l’hôpital fut forcé d'évacuer de Kalongo avec tout son personnel et ses malades. En effet, les troupes ougandaises ne voulant pas que les rebelles s'emparent de l’hôpital et de ses services, elles ont obligé le médecin directeur et se collaborateurs de transférer les patients à Lira dans des conditions inhumaines. Derrière, l'armée ougandaise a mis le reste de l'hôpital en feu. Une situation qui a attristé le père Joseph qui était déjà malade en ce moment.  Le 27 mars 1987, le P. Ambrosoli est mort d’une insuffisance rénale accélérée par le mauvais traitement infligé aux les malades et la destruction de l’hôpital dont il a investi une bonne partie de sa vie.



P. Ambrosoli partageant la joie fraternelle avec ses confrères et sa consoeur (missionnaires comboniens)


Les vertus de ce missionnaire zélé et amoureux de l’Afrique ont laissé des traces indélébiles à Kalongo. Ainsi, une cause pour sa béatification a débutée à Kalongo. L'enquête diocésaine qui a récolté plusieurs témoignages sur sa vie s’est clôturée et a été envoyée au Vatican à la congrégation pour les causes des saints. Depuis quelques mois, un avis positif pour sa béatification a été émis en ces termes : « Les Consulteurs ont remarqué la spécificité du Serviteur de Dieu dans la conjugaison entre la mission sacerdotale et la profession médicale, qui se réalisa dans une vie exemplaire. Il sut appliquer les valeurs chrétiennes à l’art médical, en mettant en pratique une activité de charité hors de l’ordinaire, avec aussi un grand professionnalisme. A la base de sa vie il y avait une foi profonde qui animait son activité missionnaire, avec le but de porter le Christ aux autres. Nourri aussi par les Écrits de Charles de Foucauld, il était convaincu que le médecin est celui qui est appelé à prêter son œuvre pour le Christ souffrant ; il aimait répéter : « Dieu est amour et je suis son serviteur pour les gens qui souffrent …».

Le pape François a reconnu ses vertus héroïques, lui attribuant ainsi le titre de vénérable. Ce processus ouvre la voie à une canonisation prochaine surtout qu’un miracle attribué à l’intercession du serviteur de Dieu Joseph Ambrosoli aurait été reconnu en Ouganda. En effet, en 2009, on  avait également débuté l'enquête médicale sur une guérison miraculeuse, attribuée à l'intercession du père Giuseppe Ambrosoli. Il s'agit d'une jeune ougandaise, atteinte d'une septicémie, en phase terminale. L'aumônier de l'hôpital plaça une image de Giuseppe Ambrosoli sur son lit et le pria d'obtenir la guérison de la jeune femme. Le lendemain, elle était soudainement et totalement guérie. Les rapports médicaux n’ont pu justifier cette guérison de façon scientifique. Aussi, ce miracle a été reconnu authentique qu’il a permis  au pape de signer le décret de sa béatification. Il aurait été proclamé bienheureux le 20 novembre 2020. Malheureusement, la situation de la pandémie du Covid 19 ne l’a pas permise. Sa béatification est prévue pour le mois de novembre de cette année, à Kalongo, en Ouganda.
 

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