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La fin de l’ex-président dictateur tchadien Hissène Habré en détention au Sénégal

  • 9 septembre 2021
L'ancien président du Tchad Hissène Habré est mort du Covid-19, mardi 24 août dernier, à l'âge de 79 ans dans la ville de Dakar, au Sénégal, où il avait été condamné en 2017 à la prison à perpétuité pour crimes.

Hissène Habré après être déchu du pouvoir par Idriss Deby Itno, lui aussi défunt il y a plus de quatre mois, s’est réfugié à Dakar au Sénégal. Pendant plusieurs reprises le Sénégal avait opposé son refus de le livrer à la Justice. Finalement le dictateur sera arrêté en 2013. Cette arrestation avait  marqué la fin d’un long combat pour ses victimes puisque la bataille judiciaire a duré quinze années. À Dakar, en mai 2016, l’ex-dictateur a été jugé et condamné par les Chambres africaines extraordinaires à la prison à perpétuité pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre (actes de torture). L’ancien dirigeant a été condamné à verser plus de 120 millions d’euros aux rescapés des geôles du régime.

L'ancien chef d'État tchadien de 1982 à 1990, bourreau de plus de 40000 Tchadiens, est mort mardi à 79 ans de la pandémie de Covid-19 à l'hôpital principal de Dakar. C’est dans cet hôpital qu’il succomba ainsi au virus. Il était tombé malade quelques jours auparavant et avait été sorti de la prison du Cap Manuel, dans le centre de Dakar, pour être admis, à la demande de sa famille, dans une clinique privée. Malheureusement il a été transféré à l'hôpital quand son état s'est dégradé.


Flash-back de cet homme sanguinaire

Sa carrière avait commencé en partant de loin. Né en 1942 dans le Tibesti, de l’ethnie gorane, de père berger, éleveur-nomade. Il avait été à l’école de la science politique et reconnu intelligent et éloquent. Peut-être l’influence de son milieu de naissance et les études brillantes feront de lui un homme « fort » et finalement sanglant.

Au début des années 1970, Hissène Habré et Goukouni Oueddeï, tous deux furent présidents du Tchad, et tous deux se firent la guerre. Mais dans l’immédiat, les voici alliés au sein d’une partie du Frolinat, qui poursuivit la rébellion de son côté sous le nom de Conseil de commandement des forces armées du Nord (CCFAN). Ce groupe créé en 1972, devint plus tard, sous la seule direction d’Habré. Comme nous le détaille le journal, Le monde.fr, les FAN (Forces d’Armées Nationales), son armée, fut la seule à être pleinement aux ordres de son chef lorsque vint le temps de la guerre des factions.

Au départ la prise du pouvoir d’Hissène Habré en 1982, ressemblait à une forme de stabilisation, mais celle-ci se poursuivit de la violence par d’autres moyens. En 1984, pour écraser les Codos qui sont ces rebelles sudistes, une campagne de massacres est engagée qui fut baptisée « septembre noir ». Et cette dernière ne suscita guère de réactions détectables parmi les alliés du Tchad, pas plus que les cris des suppliciés de la piscine dans laquelle la Direction de la documentation et de la sécurité(DDS) a installé un centre de tortures et d’assassinats où des conseillers américains iront donner un coup de main.





Des victimes non indemnisées

La décision de la cour d’appel avait accordé à chaque survivante de viol et d’esclavage sexuel une somme de 20 millions de francs CFA (environ 30 500 euros), à chaque survivant de tortures et de détention arbitraire ainsi qu’aux anciens prisonniers de guerre, une valeur de 15 millions de francs CFA, et une somme de 10 millions de francs CFA aux victimes indirectes. Précisément, 7 396 personnes sont éligibles aux réparations et 3 489 autres « qui n’ont pas fourni de documentation suffisante », devraient s’adresser au fonds d’indemnisation des victimes créé par l’Union africaine (UA), l’organisation continentale marraine des CAE. Malheureusement jusqu’à la mort de Hissène Habré, cette somme n’a pas encore été versée aux victimes qui se disent continuer leur lutte.

Maître Jacqueline Moudeïna, l’avocate tchadienne, à la presse, a rappelé que les victimes n’ont pas été indemnisées, ni par l’Union africaine qui a pourtant constitué un fonds au profit des victimes, ni par l’État tchadien qui est condamné à verser une indemnisation aux victimes. Selon Maître Moudeïna, la justice est incomplète, ce qui ne permet pas de tourner la page.

A la triste nouvelle du décès de l’ex président dictateur, le gouvernement tchadien par la voix de son porte-parole, avait exprimé la possibilité d’accueillir la dépouille mortelle au Tchad pour son inhumation sans aucun hommage à rendre. Mais la réaction vive de la femme du défunt ex-président, Madame Fatimé Raymonne Habré ne s’était pas fait attendre : «Le Président Habré reposera en terre sénégalaise, nous n'avons rien demandé au gouvernement tchadien..."

 Ainsi la dépouille du défunt Hissène Habré a été emmenée au cimetière musulman de Yoff, un quartier de Dakar où depuis 1989, est aussi enterré l'ancien président camerounais Ahmadou Ahidjo. Des prières ont été faites avant que l'ex-chef d'État tchadien soit inhumé dans l’intimité de ses proches, même si le Tchad et les victimes de sa dictature n’ont pas encore tourné la page non plus digéré le mal profond commis.
 
 

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